Le nouveau réacteur nucléaire EPR

 

Action de marquage du dôme d'une centrale nucléaire avec une fissure pour pointer du doigt les risques liés à l'industrie nucléaire.

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Paris, France — Le 22/02/07 - Greenpeace publie aujourd'hui une étude de John Large, expert britannique de renommée internationale sur les questions de sécurité nucléaire. Cette étude a pour but d'évaluer le risque que représente le projet de nouveau réacteur prévu à Flamanville en Normandie. Sa conclusion est sans équivoque : le futur réacteur EPR sera le plus dangereux au monde.

24/02/2007: Journée nationale des groupes locaux sur le risque lié au projet EPR


la synthèse du rapport
Le rapport
Film : EPR, il n'est pas trop tard pour l'arrêter

« EDF a affirmé dans ses publications que le modèle EPR était parfaitement sûr et que son fonctionnement, même affecté par un accident très grave ou une attaque terroriste, n’entraînerait pas de graves conséquences pour les communautés locales, la France et l’Europe. Mon étude apporte un démenti à ces affirmations » explique John Large.

Dans un rapport préliminaire de sûreté, EDF considère que la probabilité d’un accident est de 10-7 par le biais d’une redondance de systèmes de sûreté. Mais ce chiffre de 10-7 ne tient pas compte des problèmes techniques : fuites, pannes d’électricité, erreur de pilotage, inondation, incendie... car EDF considèrent qu’ils doivent être évités en amont. De plus, les séquences de fusion de coeur à haute pression, les phénomènes d’explosion de vapeur en cuve et hors cuve, les détonations d’hydrogène sont autant de situations « pratiquement éliminées » des considérations de sûreté car proches de l’impossible.

« Cet aveuglement a pour conséquence de négliger les risques nucléaires et de sous-évaluer les conséquences dramatiques d’un éventuel accident. Cela ne permet pas d’établir des scénarios d’intervention d’urgence adaptés » explique Frédéric Marillier, chargé de campagne nucléaire à Greenpeace France.

L’EPR étant le plus puissant des réacteurs au monde (1600 MW), il concentrera plus de radioactivité que ces prédécesseurs. L’utilisation prévue d’un combustible spécifique à base de plutonium (le MOX), au lieu du combustible classique à base d’uranium, renforcera la radioactivité et la toxicité des rejets éventuels. John Large a travaillé sur des modélisations d’accidents nucléaires. Pour évaluer les conséquences d’un accident, il convient de modéliser en fonction du temps, de la météo et de la géographie du terrain la trajectoire du nuage radioactif et la dispersion de la radioactivité. Pour ce faire, un modèle informatique1 est utilisé sur la base de données météorologiques mesurées dans le passé.

En cas d’accident grave de l’EPR, les conséquences seraient dramatiques :
Jusqu’à 320 personnes mourraient dans les tous premiers jours, et près de 2000 personnes tomberaient malades.
Au final, près de 30 000 personnes développeraient un cancer mortel. Plus de 9 500 personnes développeraient un cancer de la thyroïde dont environ 1000 seraient mortels.

Jusqu’à 3 millions personnes seraient évacuées sur une zone de plus de 36 000 km2, soit une zone plus grande que la Haute et Basse-Normandie réunies.1 million de personnes devraient se confiner chez eux ;
Enfin, il faudrait organiser dans un temps record la distribution de pastille d’iode à 13 000 personnes.

Il n’est pas trop tard pour éviter un tel scénario. L’EPR n’est pas encore commencé, et son décret d’autorisation n’a toujours pas été signé. Greenpeace appelle les candidats à l’élection présidentielle à s’engager à renoncer au projet EPR. « Ce projet inutile, détourne la France des priorités énergétiques à mettre en place en urgence. L’EPR est un véritable verrou qu’il faut casser pour enfin faire la place à une politique basée sur la sobriété et l’efficacité énergétique, et le développement des énergies renouvelables » conclut Frédéric Marillier.